Nevché – Marseille (Barotti & Kasimir Remix)

Nous avions découvert Nevché au printemps dernier lors du dernier Printival de Pézenas. Il avait alors répondu à nos questions qu’on vous partage sous son dernier clip, issu d’un « Marseille » remixé par Barotti et Kasimir.

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Nevché est un chanteur marseillais, il a sorti l’album Rétroviseur il y a un an, avec la cité phocéenne en toile de fond. Il traite de l’adolescence et de ses conséquences sur la vie d’adulte.

TDA : Comment s’est déroulé le travail d’écriture des textes de ton nouvel album avec Ronan Chéneau, qui est un auteur de théâtre ?

Nevché : Ce n’est pas la première fois qu’on travaille ensemble. On s’est connus à l’occasion d’une journée de rencontre d’artistes européens, dont on a été un peu les mauvais élèves (rires). On s’est retrouvés ensuite à écrire des chansons dans une cave. On s’est alors rendu compte que dans nos carnets, il y avait des textes d’une grande similitude, ce qui nous a permis de travailler facilement ensemble. On a écrit ce troisième album, Rétroviseur, main dans la main. On l’a réfléchi ensemble autour de ce mot, rétroviseur, et des nos histoires personnelles. Lui vient de Granville, il n’a rien à voir avec Marseille, mais d’ailleurs Marseille n’est pas le sujet de l’album…

TDA : Oui, c’est ce que j’ai pu remarquer, l’universalité de tes textes.

Nevché : Exactement, c’est ce que je cherche à faire. Je suis encore sur le chemin, on verra… Je cherche à rendre ma musique universelle et surtout intemporelle. C’est pour ça que je ne suis pas spécialement à la mode, que je ne m’inscris pas dans un mouvement…

TDA : C’est vrai, tu produis un mélange de rock, slam, poésie et chanson française le tout teinté d’électro comme sur le critique Les régimes à la mode. Comment en es-tu arrivé à une telle diversité ?

Nevché : Je dois l’assumer déjà, mais c’est dur car les professionnels et la presse aiment bien identifier facilement pour pouvoir mettre dans des catégories. J’ai toujours été très curieux dans ma vie, j’ai toujours écouté des styles différents. Et comme pour ce disque, je crois qu’on est la somme des choses qu’on a aimées, qu’on a écoutées… Et j’aime le mélange que cela produit.

TDA : Oui, une grande variété de styles dans cet album emprunt de tristesse et de mélancolie dès le titre d’introduction, Si nous marchons ensemble, et en même temps il y a des émotions douces amères comme dans Les grands brûlés de l’amour

Nevché : Les grands brûlés de l’amour est une chanson qui détonne un peu par rapport au reste, elle est presque de la variété, il y a un refrain chanté. Elle est une sorte d’hommage à toutes ces chansons qu’on a aimées sans qu’on ose jamais avouer les avoir aimées ! Une chanson d’adolescence…

TDA : Comme une chanson de Roch Voisine par exemple…

Nevché : Oui voilà ! Mais tu sais, à l’époque où j’apprenais la guitare, je reprenais tout ce qui passait à la télé, dont Hélène, seul sur le sable… Mais Les grands brûlés de l’amour était surtout en hommage à Daniel Balavoine et à sa façon qu’il avait eu de parler à François Mitterrand à la télévision. C’est un garçon qui m’a vraiment marqué.

TDA : Que représente pour toi le Cap Canaille, à Cassis, que tu évoques dans Notre rendez-vous ?

Nevché : C’est un endroit où j’ai passé toute mon enfance. J’allais à la plage avec mes parents d’avril à octobre au pied du Cap Canaille. Et mon père me racontait que les voyous marseillais venaient y jeter les voitures après leurs casses. Effectivement à l’époque (nda : Nevché est né en 1973), il y avait des voitures au pied de la falaise. Notre rendez-vous est une histoire un peu mystérieuse d’un couple en cavale mais c’est aussi le fruit de l’anecdote de mon père, j’y raconte ce qu’il a pu se passer… si le personnage s’est barré avec la thune, s’il a jeté la voiture depuis la falaise du Cap Canaille… Et d’ailleurs, le Cap Canaille, on le voit dans le clip de Vas-tu freiner ?, j’y suis en haut de la falaise. J’ai pris le scénario de Notre Rendez-vous pour faire le clip de Vas-tu freiner ?. Il y a énormément de correspondances entre ces deux chansons.

TDA : Tu as réalisé un album avec des textes inédits de Prévert, Le soleil brille pour tout le monde. Si tu devais recommencer l’expérience de mettre en musique un poète, Antonin Artaud, un autre marseillais, dont l’intense sensibilité me paraît te convenir, t’intéresserait-il ?

Nevché : A la sortie de Rétroviseur, le public a été surpris que je ne poursuive pas dans cette fibre-là. Les gens ont été stupéfaits que j’aie choisi de prendre encore des risques. Mais j’estime que ça ne sert à rien de faire deux fois la même chose… Après, je peux te dévoiler que mon prochain projet est de mettre en musique les journaux intimes de Marilyn Monroe et de Kurt Cobain. Ce dialogue est bien sûr impossible mais tellement puissant entre Kurt et Marilyn, qui étaient tous deux d’une sensibilité extraordinaire mais qui possédaient aussi une intelligence et une culture folle que beaucoup de gens ignorent. Il y a donc dans ce dialogue des passages où je lis du Antonin Artaud, du Pier Paolo Pasolini… Je mets donc en musique Artaud, oui. En tout cas, je ne fais pas dans la démagogie, dans la facilité. Je montre la fragilité, qu’une chanson peut s’envoler, puis exploser, qu’on peut rester soi-même, mais cela met parfois les auditeurs dans un de ces états ! Il y a ceux qui adorent et ceux qui se sentent agressés par ça. Le consensus ne m’intéresse pas, je ne suis pas une star et ce qui m’intéresse d’abord est ma quête personnelle. Je me laisse traverser par ce que je suis et non par ce que je cherche à atteindre. Sans prétention, en étant sincère.

TDA : J’ai interviewé récemment Dany Lapointe, la directrice du Printival de Pézenas, où tu joueras le 17 avril prochain. Elle me fait te transmettre la question suivante : Que représente pour toi Boby Lapointe, que t’évoque son écriture et son personnage ?

Nevché : Pour moi, Boby Lapointe était un être d’une liberté extraordinaire, dans sa folie, dans sa fantaisie. Et mon dieu que l’on manque de fantaisie aujourd’hui ! Stromae en a par exemple, ça fait tellement de bien qu’un mec ait autant de succès avec autant de fantaisie et de liberté dans son rapport à la société du spectacle… Pour moi, dans la musique de Boby Lapointe, il y a quelque chose de terrible à chaque fois, comme dans Bobo Léon, il meurt Léon ! Quand j’étais enfant mes parents n’écoutaient pas Boby Lapointe, ni de musique en fait, donc je l’ai surtout découvert quand j’ai été papa pour la première fois. J’ai appris ses chansons par cœur avec mon premier enfant, et j’ai trouvé que s’il ne chante jamais vraiment dans le temps, toujours au bord du tempo dans une liberté totale, il est toujours juste dans sa facétie, son humour, sa gravité et tout ça est mis ensemble ! Alors qu’aujourd’hui on catégorise… Quand il faut pleurer, il ne faut que pleurer, quand il faut rire, il ne faut que rire…

TDA : Enfin une petite question taquine, tu as travaillé avec Serge Teyssot-Gay, l’ancien guitariste de Noir Désir, sur ton album Nouveau monde Monde ancien, alors comme tu es marseillais et slameur mais aussi rockeur, dans les années 90, tu étais plutôt Noir Désir ou IAM ?

Nevché : (rires) Tu es dur ! Franchement, j’ai passé des nuits entières avec mes amis sur le parking de Notre-Dame de la Garde, on écoutait L’école du micro d’argent d’IAM en boucle mais on écoutait aussi Tostaky de Noir Désir. Ces deux groupes s’enchaînaient facilement. Ça fait partie de la bande-son de ma post-adolescence !

Nevché sera en concert dans la région le 27 février prochain au Sonambule de Gignac (34) et le 17 avril au Printival de Pézenas (34). Autres dates : http://nevchehirlian.com/agenda/

Propos recueillis par Yann Landry

Facebook : http://www.facebook.com/Nevchehirlian
Site Web : http://www.nevche.fr

Clip : Réalisation : Vittorio Bettini, Production Executive : Transfuges, ©2015 Les dits sont de là (Coopérative Internexterne)

Crédit photo : Olivier Metzger

Nevché – Concert au Sonambule de Gignac (34) – places offertes – vendredi 27 février – 21H00

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=rbwDPD-z3ds]

Avant de retrouver le chanteur marseillais Nevché en interview tout bientôt, il nous fait le plaisir de vous offrir des places pour son concert du vendredi 27 février au Sonambule de Gignac (34).

Pour gagner les places, rien de plus simple : laissez un commentaire sous l’article avec vos noms, prénoms et adresse mail (commentaire que je serai seul à pouvoir voir), seuls les premiers arrivés gagneront les places !

Vous pouvez lire notre interview de Nevché sur Le Petit Agenda : http://www.lepetitagenda.com/fr/articles/interview-de-nevche

Cliquez sur la photo ci-dessous et vous vous retrouverez sur la page facebook de Nevché, pour plus d’infos :

Nevche credit Olivier Metzger
Nevche – crédit Olivier Metzger

Nevché a tracé une route sinueuse et singulière entre rock, slam et chanson. Il nous livre un troisième album, « Rétroviseur » qui s’inspire du passé tout en se projetant dans l’avenir pour l’interroger. Écrit en collaboration avec Ronan Chéneau (auteur de théâtre connu pour ses pièces Fées et Cannibales), et réalisé par Jean Lamoot (réalisateur d’Alain Bashung, Salif Keita…), cet album est le récit sans compromis, abrupt et romantique d’une adolescence à Marseille. Une adolescence d’hier et d’aujourd’hui dans cette ville, qui, loin des clichés d’une cité ensoleillée, excessive et au fort accent, apparaît dans cet album comme on ne l’a jamais présentée. Enregistré entre Dakar, Marseille, Paris et l’île de la Réunion, « Rétroviseur » est un disque post-capitale de la Culture dans lequel les souvenirs sépias et velourés invitent à imaginer l’avenir sans paillettes et projecteurs, en toute simplicité et honnêteté.

Le Sonambule
2 avenue du mas salat, 34150 gignac – Tel : 04 67 56 10 32 – contact@lesonambule.fr
www.lesonambule.fr – concert de Nevché : Assis – 8/10/12 Euros

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