Le Manque – Torse nu dans la fosse – nouvel album – chronique

« L’alcool est une drogue légale qui te régale » et c’est l’osmose (track 21). Le Manque vient droit de Chartres, ce qui n’est pas si grave, et produit de la variété française de haute volée. Pour imaginer la suite, prenez du Brassens, prenez du Temesta et ne prenez qu’un verre de gros rouge. Et vous souffrirez du Manque. Ce groupe provoque une maladie addictive qui n’est létale que pour la ménagère de moins de 50 ans, sauf si elle-même prend les substances sus-citées. Le Manque sort prochainement son troisième album, Torse nu dans la fosse, dont le titre est déjà évocateur de la férocité imagée du duo du Centre. Quand je vous dis que c’est de la variété, ce n’est pas n’importe laquelle. C’est que leur 22 chansons sont variées et profondément pop.

Dans un monde parfait ou étrange ou mieux ou les trois, le Manque serait publicitaire, avec son sens cruel de la formule pour les titres (Je veux un enfant médiocre, Pizza duo fille seule, Nietzsche m’a tout piqué…) associé à de la musique minimalistement épurée mais aux éclectiques styles, ça ferait faire un malheur.

Découvrez le Manque au quotidien en cliquant sur les photos ci-dessus et arrivez sur leur facebook.

Lionel Fondeville est le compositeur-interprète tandis que Christophe Esnault est l’auteur de ces textes d’une exceptionnelle singularité. Mais ne vous trompez pas, pour ajouter une petite part d’étrangeté, vous verrez Christophe Esnault sur leurs nombreuses vidéos et entendrez la voix de son compère. Un vrai animal à deux têtes, parfaitement complémentaire le Manque.

Le réel qui tache a toute sa place ici, le quotidien intime dont on ne parle à personne, celui qui, ironique, vous fait rire jaune ou pleurer gris (nda :pleurer gris n’est pas une vraie expression, ça colle bien là, cherchez pas…), comme pourquoi les femmes couchent-elles avec ce genre de mec ? (track 11) alors qu’elles sont encore plus nulles mais on ne veut pas le savoir. Comment faire pour passer une journée sans internet, seul et nu ? (track 2, Redéfinir mes objectifs) Il suffit d’enculer des mouches, enfiler des perles et puis enculer des mouches avec des perles, ou faire des listes et des listes de listes ! Comment vivre dans l’Eure et Loir ? Je sais pas… mais c’est évoqué dans beaucoup de titres de l’album. Comment supporter que son gosse fasse mieux que soit ? Alors que « c’est bien plus valorisant de mettre au point un looser » (track 10, Je veux un enfant médiocre). Comment pouvoir épouser Johnny ? Il ne faut déjà pas perdre ses cd en allant chier en backstage d’un de ses concerts (track 14, Fan de Johnny), de toutes façons « Johnny, c’est rien qu’une crevure ». Comment désinfecter la javel ? Si on a des tocs, on peut (track 19). Pourquoi Fabrice Pedrono fait-il les courses de son ex ? (track 8)…  Pourquoi les films de Garrel ???? (track 18)

Voici un clip qui explique un peu plus ou moins l’état d’esprit du Manque, un morceau « disco dance » pouvant faire fureur à l’Atlantide de Chartres (?) :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=4Z4XP_V9hk8]

Hormis Nietzsche, Le Manque, c’est aussi des références encore plus surprenantes comme celle à Sarah Kane (« Il y a pire qu’avoir la cinquantaine et de la graisse. Avoir la trentaine et être mort » S. Kane), une dramaturge anglaise morte à 28 ans pendue par ses lacets il y a 15 ans et qui a peu produit – et pour cause -. Parmi ses quelques œuvres (surtout des pièces), l’une est intitulée Le Manque… Et le Manque de lui rendre hommage avec ce titre surréaliste (track 15) se passant dans une chambre d’hôtel à l’abri de l’œil crevé de la télé. « Si la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, dis-toi bien que la mort ne la vaut guère non plus » lui chante Lionel Fondeville… Mais aussi cite gaiement les noms des hauts parrainages mélancoliques comme Leonard Cohen, PJ Harvey, Joy Division ou (Johnny Hallyday).  Le Manque est un duo à la psychologie sarcastique recherchant inlassablement à combler le manque dans les rapports qu’on développe avec ses congénères. La Manque aime l’amour (track 17, Le jardin des caresses), celui qui fait souvent mal au cul-cul, l’amour inachevé, l’amour déçu, raté, contrarié (track 3, Je ne me souviens pas de toi)… Torse nu dans la fosse, c’est le résultat de l’amour.

Découvrez 5 clips extraits de cet album, car Le Manque n’est pas prolifique qu’en musique mais aussi en vidéos indés (voir leur chaîne youtube bien remplie):

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=videoseries?list=PLCd7G-KzZ4ER8fAJlrGrFY6L94MAKYqNL]

Torse nu dans la fosse est un album qui accompagne merveilleusement bien un lundi de RTT en novembre, une soirée avec un pote chiant en juillet, une matinée de mars à attendre le mec pour le relevé GDF, … Un album adapté à toutes situations, recommandé pour passer un jour de plus, outre la loose.

Si vous ne fredonnez pas joyeusement Fais pas ta pie crevée, fais pas ta pie crevée ! (track 1) après avoir écouté tout le disque, c’est que vous devez appuyer à nouveau sur le bouton play et vous refaire les 22 titres médicamenteux de cet album. Ceci est une prescription valable jusqu’à ce que vous fredonniez Fais pas ta pie crevée, fais pas ta pie crevée !

Pour acheter les albums précédents, c’est par ici : http://lemanque.free.fr/acheter_le_CDbis.htm. Et vous pouvez écoutez quelques titres ici : http://lemanque.free.fr/le_manque_mp3bis.htm

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Syd Kult – Reflections of the Black Sun – nouvel EP – Chronique et interview

On découvre cette semaine le nouvel EP 4 titres des Syd Kult, un groupe ‘deep rock’ que l’on avait interviewé en février dernier (interview vidéo ici) pour la sortie de leur précédent disque, Syd Kult. Ce précédent disque nous avait marqués par sa capacité à nous prendre aux tripes avec ses titres emplis de pathos. Un groupe qui provoque l’émotion, l’introspection et une espèce de recherche. Je vous livre ici une courte chronique de « Reflections of the Black Sun » suivie d’une plus longue interview d’un membre du groupe.

Syd Kult se compose de manière plutôt classique de la troïka du rock, à savoir guitare (Cyril Delaunay) /basse (Jérôme Moreau) /batterie (Frédéric Scipion) auxquelles s’ajoutent ici le clavier de Stéphane Malbéqui ainsi que, bien sûr, la voix de Cyril (et son piano pour l’intro de l’EP).

La musique de ce groupe peut de prime abord apparaitre hermétique, The Kult (track 1) débute l’EP sans une parole, la vocalise se fait cri, énergie du désespoir. Cela annonce clairement la couleur sombre de cet objet musical. On espère que la suite se laissera pénétrer. « Aide-moi mon esprit est vide, donne-moi quelque chose pour vivre, sauve-moi j’ai besoin d’extase » C’est par ces quelques supplications en anglais qu’Overnight (track 2) débute. Et Cyril pousse sa voix grave, rocailleuse, tandis que la guitare crépite son rif et que la batterie sonne la cadence de ce morceau intense qui nous emmène dans le vif du sujet, la folie, la perte de contrôle…

En rappelant que ce disque est auto-produit, on remarque que le son est assez cru, quasi live, avec du gros grain et une bonne dose de reverb. Poussé à plein volume, les limites de l’enregistrement se laissent apercevoir en manquant de puissance mais on remue bien la tête tout de même ! Surtout sur My own God (track 3), un titre qui assomme bien, une montée en puissance, on se relâche, on écoute, le morceau alterne force et contemplation, sans que cette dernière ne dure très longtemps, éclipsée par des refrains virils. Avec Dead end (track 4) la voix se fait douce-amère, s’ensuit une accélération, un nouveau motif, pas plus gai, non, c’est la jubilation de la fin. De la fin de chacun et de tous.

4 titres (en écoute plus bas), c’est court. Mais suffisamment convaincants, ça se réécoute. Et on attendra avec cet EP la suite des Syd Kult.

Pour votre plaisir, la groupe vous a concocté un teaser, avec pour bande son The Kult, sous forme d’un montage vidéo montrant leurs influences et leur goût du cinéma classique (Metropolis, Freaks, What Ever Happened to Baby Jane?, Last man on earth et The Masque of the Red Death – les 3 derniers sont de 1964, année importante pour Syd Kult ou est-ce un hasard d’esthète ?)

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=d6D87Wbe7vE&w=640&h=360]

Et voici l’entretien que nous avons mené par échange de courriers électroniques avec le leader du Kult, Cyril, :

La Tête de l’Artiste : On découvre un EP avec une intro au piano assez sombre, quel était ton état d’esprit pour la compo ?

Cyril : J’étais effectivement dans une humeur assez mélancolique et torturée. Quand j’ai commencé à composer cette chanson, j’ai pianoté et les premiers accords sont sortis. J’ai immédiatement pensé à une marche funéraire, à une procession (je pense d’ailleurs que c’est ce que je recherchais indirectement). Ce titre fait écho à Black Orchid/Sweet Elevation sur le premier EP, un titre métaphorique sur une naissance, une renaissance même.

La Tête de l’Artiste : Qu’est-ce qui t’a motivé le plus (thèmes d’actu…) dans l’écriture de cet EP plus « dark » que le précédent ?

Cyril : Je m’inspire très rarement de faits d’actu. Sur cet EP, j’avais besoin d’extérioriser une certaine rage, un certain surplus, d’être plus direct. Je ne calcule jamais ce qui va sortir, je prends la guitare ou le synthé et je laisse mon inconscient parler. J’ai d’autres titres qui sont sortis de ces « séances », mais elles ne pouvaient figurer sur « Reflections of the Black Sun ». La littérature et le cinéma sont aussi des sources d’inspiration, j’ai des images qui arrivent directement en parallèle des premiers accords. Des écrivains tels que Poe, Lovecraft, Bradbury, Robert Charles Wilson, K. Dick, mais aussi le fantôme de l’Opéra et le Moine de Lewis.

La Tête de l’Artiste : Quelle évolution dans ton écriture et que racontent ces 4 titres ?

Cyril : Au niveau de l’écriture, pas trop de changements. Influencé au niveau des textes par The Doors, Marilyn Manson ou le blues de manière générale, j’aime le fait d’avoir peu de mots pour exprimer des émotions. C’est ensuite la voix, à travers l’intention et les nuances, qui peut faire passer une idée, une émotion, que l’auditeur s’approprie par la suite.
« The Kult » raconte donc un culte, un rite, une procession de personnes fuyant la Temporalité et la Mort, fuyant leur condition d’être Humain. « Overnight » parle à l’origine d’un homme fuyant quelque chose en pleine forêt, de nuit. Il trouve alors une ancienne église où se déroule un rite présidé par le Diable. Il vend alors son âme au diable. « My Own God » évoque une personne cherchant la paix de l’esprit et la plénitude. Elle voyage alors à travers le temps et l’espace en vain. Elle trouvera alors la solution au plus profond de son inconscient et ne sera plus effrayée par la finitude. « Dead End » marque le tournant du questionnement « je » au « nous ». La réflexion n’est plus personnelle, elle est groupale, mais le déchirement intérieur est le même et l’impasse n’est pas loin.

Les 4 titres de l’EP sont en écoute (et en téléchargement à 4€. Cliquez sur ‘buy’) sur Bandcamp :

[bandcamp width=350 height=470 album=1437679432 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false]

La Tête de l’Artiste : Comment s’est déroulée la production aux Cuizines de Chelles ?

Cyril : On a enregistré l’EP en 4 jours aux Cuizines, c’était assez sportif ! J’ai passé 4 jours avec Fred (batteur). Jérôme (basse) est venu jouer sur 2 titres et Stéphane (ancien clavier) sur 3 titres. Le mixage et le mastering n’étaient pas aux Cuizines.

La Tête de l’Artiste : L’artiste doit-il être un ennemi du Droit et des bonnes mœurs ? En gros, un rebelle ?

Cyril : L’artiste fait ce qu’il sent et souhaite faire, tricher ne sert pas la musique par exemple. Quand je compose, je ne me pose pas la question, si mon état d’esprit est « rebelle » à un instant T alors ce sera le cas. S’il est « droit », il le sera, l’important est de laisser parler ce qui nous habite, ce qui nous fait peur

La Tête de l’Artiste : Y a-t-il un idéal à atteindre dans l’Art ?

Cyril : L’idéal est une notion abstraite et complexe. Pour ma part, l’Art te permet de laisser une partie de toi à un moment donné, de laisser quelque chose à voir de toi et que tu partages avec les autres. L’idéal se situe là pour moi, le temps efface tout, mais l’art reste.

La Tête de l’Artiste: Donnes-tu de l’importance au symbolisme ? Et doit-il y en avoir dans l’Art ?

Cyril : Le symbolisme est essentiel dans mes créations, j’aime ce qui donne à réfléchir et à se questionner. Je pense aussi que c’est une manière d’assumer certaines choses à exprimer, c’est là où j’arrive le mieux à m’exprimer en tout cas. Dans l’art, ce n’est pas une nécessité, du moment qu’il se passe quelque chose en nous.

Retrouvez le groupe sur facebook :
Syd Kult Photo groupe

La Tête de l’Artiste : Après deux EP en moins d’un an, as-tu envie de prendre ton temps pour réaliser un LP bien chiadé ?

Cyril : La prochaine étape est bien sûr l’album, qui serait une suite logique. Mais pas question de se presser, l’important à l’heure actuelle est le live, aller à l’encontre d’un public à qui notre musique parle. Le projet n’existe que depuis début 2013, les lives depuis juillet 2013, nous devons trouver notre public !

La Tête de l’Artiste : Quel plan d’attaque pour du live ces prochains mois ?

Cyril : On cherche à aller en dehors d’Ile de France. On a joué à Belfort en juin dernier, en Savoie en août et on souhaite absolument y retourner parce que c’était génial. De même, les festivals sont en ligne de mire pour l’année prochaine, et des pays comme la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas sont notre priorité. On veut s’exporter un maximum et rencontrer plein de monde !!

La Tête de l’Artiste : Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne route !

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Abel Chéret – Amertumes – Nouvel EP – Chronique interview

Celles et ceux qui suivent depuis longtemps La Tête de l’Artiste connaissent Abel Chéret. Nous avons déjà eu l’occasion de l’interviewer, de filmer ses concerts, de faire un clip pour Sa Tête sur les épaules, et même de le filmer dans la rue pour son Papapala. Nous avons donc reçu en avant-première son nouvel EP 4 titres, Amertumes, afin de vous en donner envie.

Découvrez l’univers d’Abel Chéret en vous connectant à sa page Facebook en cliquant sur la pochette ci-dessous :

pochette amertumes

Avant la sortie officielle prévue pour la fin de l’année, Abel tel un artisan de la chanson a édité 100 cds « faits main ». Ils seront disponibles dans deux jours, le 10 septembre lors de son concert en trio aux Trois Baudets à partir de 20h.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=UrS1LEr-R4k]

Alors comment prendre la distance nécessaire pour chroniquer sans montrer (trop) de parti pris son nouveau cd ? En laissant Abel nous en parler grâce à cette courte interview menée par échange de courriers électroniques :

La Tête de l’Artiste : Ton EP a pas mal tourné chez moi au mois d’août. Amertumes est clairement plus riche que le premier cd que tu avais sorti en 2012. En tout cas au niveau de la musique. Pour le chant, je trouve que tu as gagné en assurance, une bien meilleure maîtrise. As-tu mis quelques effets sur ta voix ? Pour les paroles, tu restes dans ta même veine, c’est bien ce qu’il faut, imprégnée de nostalgie, de loufoquerie… Je connaissais déjà la charmante Fanny que j’avais entendue au Mamakin en septembre 2013. Fais pas le con me reste bien en tête, ça me correspond bien. Je partage ta même amertume. Je vois que tu as opté pour une addition de cuivres à ton petit orchestre. Je trouve que l’apport de Franck, le batteur, est considérable par rapport à ton premier EP. Alors, comment se sont passées les compos ? Qui a fait quoi ? Qui joue quoi ? Qui a enregistré ? Quel est ton single ? L’amertume ? Un label en vue ?

Abel Chéret : Pour cet l’EP, voilà comment se sont créés les morceaux. Je suis arrivé en répétition avec des guitares-chants calés, avec en général une idée précise de la structure et de la place de chacun dans le morceau.  Ensuite Franck et Tom (saxhorn, flugabone) ont créé leurs parties petit à petit, chacun donnant son avis. J’ai beaucoup de chance de bosser avec eux, ils ont toujours plein d’idées ! En studio, Alexis Campet a bien guidé tout le monde pour les prises. Il a aussi participé à la création des morceaux en faisant le tri dans toutes nos idées et en en apportant de nouvelles. On peut dire que c’était un plan à 4. Sur les voix, pas vraiment d’effets si ce n’est une légère compression et une petite reverb’. Ensuite c’est Maxime Nass du label « l’Agence », chez qui je vais signer, qui s’est occupé du mastering. L’Agence est un petit label qui va s’occuper de la diffusion digitale de l’EP.
Sinon L’Amertume sera je pense le premier single à sortir mais l’idée est de mettre au moins 3 des 4 morceaux en avant petit à petit.
Enfin voilà, je suis content que tu trouves celui-ci plus abouti. On a voulu faire un cd cohérent et qui corresponde au mieux à ma voix. J’en suis vraiment content et je veux le défendre au maximum, quitte à donner de ma personne !

La Tête de l’Artiste : Bonne route, Abel !

Abel Chéret : Merci à toi.

Infos concert du 10 septembre prochain:
http://www.lestroisbaudets.com

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Epsylon – Manufacture Du Temps – Nouvel album – Chronique

Le groupe vendéen Epsylon vient de sortir son troisième album studio, Manufacture du temps. Un album qui débute par une chorale de sons de trotteuses, de cloches, de coucous… Le temps se crée, se forme, se déforme. Va-t-il me sembler long à l’écoute de cet album ? Un album dont la première minute nous laisse penser que nous avons là un album rock classique mais à partir de 1 min 30, la veuze entre dans l’équation. La veuze est le petit nom de la cornemuse en Vendée. Là, on se demande à quelle sauce on va être mangé. Le sextet nous sert bien un rock, un rock régional… On y trouve donc la veuze, mais aussi la bombarde et même du oud ! Le tout accompagné des guitare, basse, batterie rocks et pour finir du violon, saxophone et même de l’accordéon ! La crêpe complète ! Archi-complète ! Comment tout cela cohabite; découvrons-le de suite.

Rien de mieux qu’un teaser pour se mettre dans l’ambiance d’un groupe et d’un album, histoire d’apercevoir si les membres du groupe sont bien là, présents, rocks.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=OF3IWcuewmg]

Le Temps (track 1) nous entraine vraiment dans sa course, une course effrénée, à l’énergie toute scénique pour ce groupe de concerts (on a pu les voir avec Absynthe Minded, Sergent Garcia, Katerine, Soldat Louis, La Rue Kétanou…) et qui en assure une cinquantaine cette année. Un rock celtique qui poursuit sa route en Exil (track 2), le mélange opère plutôt bien et Nicolas Michon chante le manifeste du groupe, amenant ses membres toujours vers l’avant, partout dans le monde. Un hymne à l’ouverture.

Vous pouvez écouter les titres de l’album et l’acheter en cliquant sur ces boutons :

Manufacture du temps Manufacture du temps Manufacture du temps

Dans mes veines (track 3) est dans la bonne continuité, un morceau orientalisant, le oud ouvre la danse. Mais la suite du morceau est plus classique rock français, surprenant, et les instruments à vent arrivent bientôt. Il y a beaucoup d’instruments, presque trop, la voix semble perdue. Un solo de saxo sobre m’enlise dans mon compréhension du morceau qui repart aux accents orientaux puis plus du tout… Étonnant. Pour notre santé mentale, on retrouve de la guitare électrique, de la basse en avant à l’entrée de La Passe (track 4), du rock ample; un mec qui va aux putes. Pour de la chanson française, les paroles sont loin d’être connes, évitant les écueils des lieux communs. L’écriture est sobre et ne me gène pas, au contraire. On retrouve justement une voix bien en avant dans Un idéal (track 5), rock aux refrains celtiques qui, une fois la surprise passée, sonnent de mieux en mieux.

Cliquez sur leur photo et découvrez leur page facebook :

Epsylon le groupe
Epsylon, au bord de l’eau, de la Loire ? Crédits Mathieu Ezan.

Un printemps (track 6) relance l’album avec plus de légèreté, de mélancolie, et retourne du côté de Tunis, avec plus de cohérence que Dans mes veines, le mélange y opère mieux, plus de simplicité et une meilleure présence du oud tout du long. Une belle évocation des printemps arabes. On reste dans la nostalgie avec la suivante Je me souviens (track 7), sans tristesse ni mélancolie et avec des mélodies guillerettes de l’accordéon. Le brasier (track 8) remet le feu, en puissance, bien catchy, couillu. Chaque seconde (track 9) poursuit avec l’énergie rock d’un l’ensemble finalement cohérent. Comment mieux finir qu’avec Aux hommes debout (track 10), là c’est un morceau que j’attendais, marqué par son texte engagé, les instruments trouvent bien à leur place et où l’on peut enchainer ainsi un solo de violon avec un de guitare électrique, un final pétaradant, et une toute fin en finesse…

Bref, Manufacture du temps, avec ses morceaux de 3 minutes, passe bien vite, sans pour autant s’évaporer. Les mélodies et le son de la veuze s’accrochent. Pour son troisième album en huit ans, Epsylon, par ses textes et sa créativité, montre un registre étendu, volontaire, marquant. Parfois, la multiplicité instrumentale du sextet peut surprendre et nous laisse légèrement de côté, coi. Parfois, l’intimité se crée et le charme de ce rock aux accents celtiques opère. On prendra le temps pour la suite…

Le groupe sera de manière très originale en concert au Koweït la semaine prochaine – j’aurais jamais cru écrire Koweït sur mon site –, puis de retour en concert dans le grand Ouest français à partir du 14 juin (toutes les dates sur leur site).

 

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Le groupe Epsylon :

Nicolas Michon : chant, Guitare
Christophe Pouvreau : violon, accordéon, Veuze
Denis Grollier : bombarde, sax soprano
Antonin Martineau : basse, Oud
Aurélien Dupont : guitare
Benjamin Sanchez : batterie

Boogers – Running in the flame – Nouvel album le 2 juin 2014 – Chronique

Boogers signifie crottes de nez… Voyons si après l’écoute de l’album Running in the flame, on aura envie de se l’arracher avec l’ongle du p’tit doigt, le rouler en boulette entre le pouce et l’index puis, d’une pichenette, l’envoyer voler loin, loin tout là-bas ou si au contraire on le reniflera jusqu’à la fin. (Ceci est mon intro la plus régressive et dégueue, dans laquelle je n’irai tout de même pas jusqu’au c’est bon mangez-en…)

Derrière Boogers ne se cache même pas le fantasque Stéphane Charrasse. Étrangement, Boogers est un grand fan de Weezer, groupe qui a pu me procurer d’intenses sursauts d’endormissement avec le chiantissime Island in the Sun sur toutes les radios dès mai 2001 jusqu’à ce que Oussama ne me réveille complétement en septembre… Comme Weezer, Boogers surfe sur une power pop dynamique avec tout un tas de couleurs, de jeux musicaux. En revanche, Running in the flame sonne plus électro-pop mais en plus viril qu’à l’habitude, empli de fantaisie et de samples, riche en sonorité, en rythmes différents et en originalité qui offrent un album varié quasi-inclassable et c’est tant mieux.

En attendant un clip lié au nouvel album et pour illustrer Boogers audio-visuellement voyez un extrait live de l’album, avec le single Big Summer capté à l’Astrolabe d’Orléans par l’Astro TV :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=wepsaVHx6tQ]

Le premier morceau de l’album, Nerves, donne d’emblée un ton énergique, scénique, un mouvement punk lié aux riffs gras de la guitare électrique. La suite redescend sur une vague plus légère avec I’m there (track 3), une ballade dont le final rythmé nous amène logiquement à The big summer (track 2) cependant plus punchy et aux nappes électro festives de bonnes augures.

Avec Going Downtown (track 4), l’énergie demeure mais sur une compo plus folk/rock détonante. Alors que la suivante Oh my love (track 5) est une espèce d’électro-reggae tout particulier. Et ce mélange de genres est la force de Boogers, à savoir ne pas se satisfaire de faire simplement de la pop, mais d’en revisiter les styles marquants. De même l’album se poursuit avec un rock bien saturé, Showtime (track 6) et continue en nous satisfaisant avec un morceau à la Eels, une douce pop à la voix filtrée, éthérée, titre de l’album dont on imagine bien un clip illustrant cette track 7.

Cliquez sur le portrait de Boogers et tombez sur sa page Facebook :

crédit Francois Berthier
Boogers – crédit Francois Berthier

Ensuite Boogers se demande pourquoi (Dis-moi pourquoi, track 8), pourquoi ? Seul morceau en français, qui est plus un long intermède concept qui ne répond bien sûr pas à la question initiale mais qui nous remet dans l’ambiance avec She says yeah (she said no) (track 9), ce rock aux touches vintage limite fanfare et qui retourne en deuxième partie dans une power pop symbole de l’album. On ralentit le rythme avec l’avant dernier morceau You don’t know (track 10), compo assez planante, on y reprend notre souffle, on repense aux autres morceaux, on se laisse bercer, on se demande si Stéphane Charrasse a fait tout ça tout seul, on se demande si cela peut peut sortir de l’underground indé. Finalement le morceau s’évanouit et l’album, comme depuis le début, enchaine sur toute autre chose. Une espèce de titre de fin de nuit dance floor, un morceau électro saccadé, voix calme et pompe rythmique entrainante sinon entêtante, Don’t want me (track 11) clôt donc cet album singulier, la chronique d’une journée, d’un morceau de vie où rien ne se rassemble jamais.

Cliquez sur la pochette du nouvel album et tombez dans le myspace de Boogers :

BOOGERS_Running In The Flame_pochette

L’album est comme cela, une montagne russe musicale, un montée punk, une descente reggae, un looping rock… Une suite de morceaux à la durée standard (3 min env.) enchainés subtilement les uns aux autres dans une production propre et fouillée d’un artiste dont on se plait à penser qu’il n’est pas fan que de Weezer… Stéphane Charrasse nous fait donc monter dans une attraction à la fin de laquelle sensations, refrains et riffs vous trottent dans la tête un bon moment et vous font remettre le couvert.

En concert le 8 juin prochain pour le Festival Yeah! à Lourmarin (84).

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Dive Inn – Half Lights – Nouvel EP – Chronique

Découvrons aujourd’hui le nouveau CD de Dive Inn, intitulé Half Lights, et voyons s’il sort du clair obscur, menant sa musique au grand jour ou si au contraire il enfoncera le groupe dans l’obscurité d’un sous-bois proche de celui de sa pochette arty.

Cet EP – extended play, soit plus court qu’un album mais plus long qu’un single – de 4 titres a été mené à bien par les 4 garçons dans le vent de La Roche sur Yon que sont Thomas Dubois au chant et à la guitare, Clément Plaza-Illand à la batterie, Thomas Rabaud à la basse et Alexis Chouteau au clavier. Ce dernier a un rôle important dans l’ensemble des morceaux du groupe car les nappes de synthé sont déterminantes pour le style electro-pop de cet objet musical qui se donne 16 minutes pour tenter de nous ravir.

Pour tenter d’appréhender l’esthétique de Dive Inn, voici le clip du single At The End (track 2) réalisé par Mac Néma et Tom Rabo (pseudo du bassiste) à la réal’ technique :

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=xD67fIX1ot0]

Un clip original où Tom Rabo a la part belle dans cette production faite d’expériences visuelles sympathiques dont les mises en place ont dû être coquasses ! On salue le travail artisanal effectué pour ce clip, ici point de logiciel After Effects, montrant qu’avec de l’imagination peuvent se produire des clips techniques agréables à regarder.

Pour ce qui est du morceau lui-même choisi pour illustrer l’EP sur Youtube, At The End se veut accrocheur avec des refrains marqués « We come at the end », une basse assez lourde et une petite mélodie joviale facilement identifiable. En revanche, le manque de peps du chanteur et la fin en un lent fade out éloignent un tantinet de son but ce titre flambeau de l’EP.

Cliquez sur la pochette et vous trouverez la page facebook du groupe :

EP_DIVE_INN_pochette

Le reste de cette production efficace enregistrée au studio Nomad’Audio – et au Futur Studio pour les synthés et le mixage – est composé de 3 titres surfant sur la vague des musiques actuelles electro-pop (Pony Pony Run Run par exemple) reprenant certains aspects de la new wave 80’s. On en retrouve les nappes de synthé, les voix à la relative tristesse dansante, quelques riffs disco ou encore une esthétique romantique.

Brainwash (track 1) est un titre assez funky dans lequel on observe un dialogue harmonieux entre riffs de basse, de guitare et du clavier, le tout dessinant une chanson à l’allure presque apte au dancefloor de cet été. Mais c’est avec des Winds (track 3) mi-doux mi-mous, où la voix douceureuse, presque effacée, de Thomas Dubois ne s’impose pas face au lancinant synthé, que l’on comprend l’importance du mixage et de la production artistique, aspects qu’il leur faudra travailler en vue d’un album complet. Par l’écoute de Rainbow (track 4), vous entendrez les mêmes problématiques que sur Winds mais dans un morceau plus pêchu et vous finirez d’entendre ce que j’expliquais plus haut à propos de l’electro-pop et de son influence constante, sinon trop marquée, à la new wave.

EP en écoute sur soundcloud :

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Pour sortir des half lights, la route sera encore longue pour les Dive Inn, car s’ils nous servent un EP homogène et recherché, à la limite trop propret et sophistiqué, ce disque manque certainement d’originalité, celle-la même qui nous donnerait envie de se repasser ce court disque en boucle. Là, les 16 minutes passent toute seule, mi-chantantes, mi-dansantes, sans nous déranger ni nous alpaguer, sans que ne se démarque quelque bijou auditif – peut-être perdu au cœur de cet essai d’electro-pop acidulée tellement dans l’air du temps. On laissera aux Dive Inn la chance qu’ils méritent musicalement en écoutant avec intérêt leur futur album complet avec l’espoir qu’il soit plus couillu que cet EP. Mais ça, c’est une autre histoire…

À retrouver en concert le 31 mai au Férailleur, à Nantes.

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Bad Tripes – Splendeurs et Viscères – Nouvel Abum – Chronique

Nous revenons aujourd’hui avec l’écoute du nouvel album des Bad Tripes s’intitulant Splendeurs et Viscères. Espérons qu’il nous mène vers plus de splendeurs que de mal de bide…

Voyez ci-dessous le clip du titre « Les Noces de Sang », réalisé par Bérangère Tosello et Julien Madelénat, extrait du deuxième album du groupe « Splendeurs et viscères », rien de mieux pour découvrir le son et l’esthétique du groupe :

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=zMWk7v3GR-o]

Le groupe marseillais mené par la survoltée Hikkiko Mori et complété par Seth et Schwanz aux guitares, Taenia à la basse et Siger à la batterie, nous offre un 13 titres complet oscillant entre métal et punk à la limite du musette. Les textes de cet album, en français, font de Hikkiko une sorte de version féminine de François Hadji-Lazaro (Pigalle, Le Garçons Bouchers, Los Carayos) par la richesse des thèmes et de la langue en générale. Le travail de chant d’Hikkiko peut étonner tant elle se joue des conventions avec sa voix souvent très grave, violente, d’outre gorge sinon parfois douce, joyeuse ou suave, bref une perf’ intéressante pour une bonne raconteuse d’histoires.

Album Splendeurs et Viscères à écouter ci-dessus :

[bandcamp width=100% height=120 album=3807976844 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]

Au niveau de la production, si nous pouvons déclarer que cette autoproduction se tient, on déplorera tout de même certains problèmes de mixage notamment pour le placement des pistes de voix rendant la compréhension des textes souvent aléatoires et devant nous pousser à tendre l’oreille pour bien suivre, alors que je préférerais secouer la tête. Les instruments et surtout la batterie, trop en avant, un dommage à corriger au prochain album. Pour avoir écouter le premier album du groupe, bon brouillon, Phase Terminale, l’évolution du style et de la technique est évidente avec de bien meilleurs arrangements et bien plus de soin, efforts à suivre !

Clique sur la pochette du disque, et rejoins Bad Tripes sur Bandcamp :

Bad Tripes splendeurs et visceres

Avec ses titres crus – le Parental advisory explicit lyrics orne d’ailleurs la pochette – répondant logiquement à une société cruelle, certains pourront être choqués (Jean-François Coppé par exemple, mais ça compte pas, c’est sa spécialité), alors que ce qui me choque le plus souvent ce sont les atrocités que je vois dans les journaux TV et dont les victimes ne deviennent que des chiffres, des statistiques, des justificatifs à la guerre, le tout servant L’ami public numéro 1 (track 12), rappelant l’Homme Pressé de Noir Désir, qui n’a que pour  »devoir : divertir vos journées moribondes » à la TV avec beaucoup plus de vulgarité et de grossièreté qu’on ne pourrait en trouver dans tout cet album sarcastique et dénonciateur.

Pour Sire Queutard (track 10) et Foutre tombe (track 9), on tombe dans le sexe macabre « Ô jardin des défunts, Mon sexe félin, A tellement faim ! », mais arrive « notre vaillant sire Queutard , Qui par sa glorieuse pine, Fait fort crier la Fée Cyprine ! » Titres à mettre en relation avec le premier morceau « Chair de canon » qui balance bien sur les Macho men, « Pauvre coq de pacotille » et les femmes des « couv’ de magazine, Reines d’un monde fantasmé » où pour lesquels la « Baise obligatoire » et le « Plaisir codifié » est la norme virtuelle alors que la femme normal sait mieux y faire, animale, « Avec (s)on corps de guenon » est « Plus libre, ne vous déplaise, Que votre chair de canon ». Pisser à la raie des fantasmes pixelisés même avec des mots crus et toujours moins grossier que pétasses et minets des émissions de téléréalité ne vibrant que pour cette image morose et sans poil mais avec plastique que les médias nous vomissent à la gueule et que la plupart aime à bouffer.

Récemment installé près des arènes de Béziers, je ne peux faire que mien l’hymne anti-tauromachie qu’est La laideur du geste (track 11) où « Pour la gloire des traditions, Olé ! On encourage, L’idiot, l’odieux massacre, Coutume d’un autre âge, Par plaisir et distraction ».

Chez La Tête de l’Artiste, on a bien évidemment apprécié la chanson nous narrant avec une raillerie de rigueur la vie de Monsieur l’Artiste (track 13) qui aime tous les arts mais qui n’y comprend rien, prétentieux à la passion illusoire, finalement un opportuniste, un artiste d’apparat.

Si tu cliques sur le disque, tu arrives sur le facebook du groupe :

Rond Cd Bad Tripes

Les Bad Tripes ne nous font finalement pas faire un si mauvais voyage, ce CD détonne tant il ne ressemble pas aux productions faciles et anglophones actuelles. Un bon trip d’une heure bercé d’humour noir et d’ironie dont on sort avec l’envie d’aller voir le groupe en concert, la patate d’Hikkiko Mori doit y être bien communicative. Mais ça, c’est une autre histoire…

En concert ce jeudi 22 mai au Molotov, 3 rue Paul Cézanne, Marseille.

Hikkiko Mori. Photo de Arthur Ob à l’HELL’ECTRIC WAR FEST 2

Le site du groupe : http://badtripes.bigcartel.com/

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Catfish – Muddy Shivers – Nouvel album – Chronique

Le duo jurassien Catfish, composé de Amandine Guinchard, au chant, basse et percussions, et de Damien Félix, guitares, harmonica, percus, claviers, voix, a sorti son premier album en mars dernier. Nous nous livrons ici à la chronique de ce disque percutant.
Vous pouvez découvrir leur esthétique et leur premier single Make Me Crazy par le clip sorti vendredi dernier et réalisé par Jérôme Martin :

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=4l8SxQzkWvk]

Muddy Shivers est un petit morceau d’Amérique, quelque part entre le Mississippi et le Tennessee chers à Elvis et aux blues men. Une voix et un son qui ne se seraient pas sentis perdus dans les 50’s (Big Shivers). Des titres bien sentis et à la production soignée, aux durées radio edit (env. 3 min)… Sans chichis, les Catfishs ne sont pas d’insipides fishs sticks, c’est brut, les rythmiques sont pesantes, les guitares appuyées, la voix n’est pas trop en avant, rendant ainsi l’ensemble homogène (Much Better). Pas non plus multitudes d’effets dans l’enregistrement, sinon echo et reverb sur les virils Black Coat et My Daddy.
On redescend en douceur avec la ballade folk Hold On – attendue comme un répit délassant après une attaque d’album efficace à souhait – où les chœurs nous transportent volontiers.
Avec Catch Me, on avance sérieusement dans le temps, avec ses faux airs heavy, intense et brûlant, placé idéalement après Hold On.

Catfish_Pochette_Muddy_Shivers

On enchaîne par un passage dans le classic rock avec Have a good time. Puis ça dépote 60’s avec My Daddy, on se sent d’humeur blue grass dans une histoire de famille cradingue à la guitare saturée, distendue. L’album poursuit son voyage rock par Like a cloud, bien classe et classique, et Not Alone, un blues à la basse bien lourde. Du blues, on en garde avec la suivante, Old Fellow, un rock sombre, triste et étouffé, puis se faisant vibrant et actuel.
On finit par Drag You Down, un petit bonbon doucereux, qui tente de nous achever en nous démoralisant mais on y mord pas. On reste habité par cet album, Muddy Shivers, qui se balade en virtuosité dans les méandres marécageux de l’histoire de la naissance du Rock, en se le réappropriant pour bien nous faire comprendre le pourquoi du comment du Rock, le Blues.

Catfish – Muddy Shivers

A acheter en CD : http://musique.fnac.com/a6935207/Catfish-Muddy-shivers-CD-album

Ou en vinyle :  http://musique.fnac.com/a6935209/Catfish-Muddy-shivers-Vinyl-album
Label Volvox
Distribué par Pias
Réalisé par Antoine Coinde et Catfish
Enregistré et mixé au studio Le Hameau
Masterisé par Globe Audio Mastering

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