Epsylon – Manufacture Du Temps – Nouvel album – Chronique

Le groupe vendéen Epsylon vient de sortir son troisième album studio, Manufacture du temps. Un album qui débute par une chorale de sons de trotteuses, de cloches, de coucous… Le temps se crée, se forme, se déforme. Va-t-il me sembler long à l’écoute de cet album ? Un album dont la première minute nous laisse penser que nous avons là un album rock classique mais à partir de 1 min 30, la veuze entre dans l’équation. La veuze est le petit nom de la cornemuse en Vendée. Là, on se demande à quelle sauce on va être mangé. Le sextet nous sert bien un rock, un rock régional… On y trouve donc la veuze, mais aussi la bombarde et même du oud ! Le tout accompagné des guitare, basse, batterie rocks et pour finir du violon, saxophone et même de l’accordéon ! La crêpe complète ! Archi-complète ! Comment tout cela cohabite; découvrons-le de suite.

Rien de mieux qu’un teaser pour se mettre dans l’ambiance d’un groupe et d’un album, histoire d’apercevoir si les membres du groupe sont bien là, présents, rocks.

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Le Temps (track 1) nous entraine vraiment dans sa course, une course effrénée, à l’énergie toute scénique pour ce groupe de concerts (on a pu les voir avec Absynthe Minded, Sergent Garcia, Katerine, Soldat Louis, La Rue Kétanou…) et qui en assure une cinquantaine cette année. Un rock celtique qui poursuit sa route en Exil (track 2), le mélange opère plutôt bien et Nicolas Michon chante le manifeste du groupe, amenant ses membres toujours vers l’avant, partout dans le monde. Un hymne à l’ouverture.

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Manufacture du temps Manufacture du temps Manufacture du temps

Dans mes veines (track 3) est dans la bonne continuité, un morceau orientalisant, le oud ouvre la danse. Mais la suite du morceau est plus classique rock français, surprenant, et les instruments à vent arrivent bientôt. Il y a beaucoup d’instruments, presque trop, la voix semble perdue. Un solo de saxo sobre m’enlise dans mon compréhension du morceau qui repart aux accents orientaux puis plus du tout… Étonnant. Pour notre santé mentale, on retrouve de la guitare électrique, de la basse en avant à l’entrée de La Passe (track 4), du rock ample; un mec qui va aux putes. Pour de la chanson française, les paroles sont loin d’être connes, évitant les écueils des lieux communs. L’écriture est sobre et ne me gène pas, au contraire. On retrouve justement une voix bien en avant dans Un idéal (track 5), rock aux refrains celtiques qui, une fois la surprise passée, sonnent de mieux en mieux.

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Epsylon le groupe
Epsylon, au bord de l’eau, de la Loire ? Crédits Mathieu Ezan.

Un printemps (track 6) relance l’album avec plus de légèreté, de mélancolie, et retourne du côté de Tunis, avec plus de cohérence que Dans mes veines, le mélange y opère mieux, plus de simplicité et une meilleure présence du oud tout du long. Une belle évocation des printemps arabes. On reste dans la nostalgie avec la suivante Je me souviens (track 7), sans tristesse ni mélancolie et avec des mélodies guillerettes de l’accordéon. Le brasier (track 8) remet le feu, en puissance, bien catchy, couillu. Chaque seconde (track 9) poursuit avec l’énergie rock d’un l’ensemble finalement cohérent. Comment mieux finir qu’avec Aux hommes debout (track 10), là c’est un morceau que j’attendais, marqué par son texte engagé, les instruments trouvent bien à leur place et où l’on peut enchainer ainsi un solo de violon avec un de guitare électrique, un final pétaradant, et une toute fin en finesse…

Bref, Manufacture du temps, avec ses morceaux de 3 minutes, passe bien vite, sans pour autant s’évaporer. Les mélodies et le son de la veuze s’accrochent. Pour son troisième album en huit ans, Epsylon, par ses textes et sa créativité, montre un registre étendu, volontaire, marquant. Parfois, la multiplicité instrumentale du sextet peut surprendre et nous laisse légèrement de côté, coi. Parfois, l’intimité se crée et le charme de ce rock aux accents celtiques opère. On prendra le temps pour la suite…

Le groupe sera de manière très originale en concert au Koweït la semaine prochaine – j’aurais jamais cru écrire Koweït sur mon site –, puis de retour en concert dans le grand Ouest français à partir du 14 juin (toutes les dates sur leur site).

 

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Le groupe Epsylon :

Nicolas Michon : chant, Guitare
Christophe Pouvreau : violon, accordéon, Veuze
Denis Grollier : bombarde, sax soprano
Antonin Martineau : basse, Oud
Aurélien Dupont : guitare
Benjamin Sanchez : batterie