Epsylon – Manufacture Du Temps – Nouvel album – Chronique

Le groupe vendéen Epsylon vient de sortir son troisième album studio, Manufacture du temps. Un album qui débute par une chorale de sons de trotteuses, de cloches, de coucous… Le temps se crée, se forme, se déforme. Va-t-il me sembler long à l’écoute de cet album ? Un album dont la première minute nous laisse penser que nous avons là un album rock classique mais à partir de 1 min 30, la veuze entre dans l’équation. La veuze est le petit nom de la cornemuse en Vendée. Là, on se demande à quelle sauce on va être mangé. Le sextet nous sert bien un rock, un rock régional… On y trouve donc la veuze, mais aussi la bombarde et même du oud ! Le tout accompagné des guitare, basse, batterie rocks et pour finir du violon, saxophone et même de l’accordéon ! La crêpe complète ! Archi-complète ! Comment tout cela cohabite; découvrons-le de suite.

Rien de mieux qu’un teaser pour se mettre dans l’ambiance d’un groupe et d’un album, histoire d’apercevoir si les membres du groupe sont bien là, présents, rocks.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=OF3IWcuewmg]

Le Temps (track 1) nous entraine vraiment dans sa course, une course effrénée, à l’énergie toute scénique pour ce groupe de concerts (on a pu les voir avec Absynthe Minded, Sergent Garcia, Katerine, Soldat Louis, La Rue Kétanou…) et qui en assure une cinquantaine cette année. Un rock celtique qui poursuit sa route en Exil (track 2), le mélange opère plutôt bien et Nicolas Michon chante le manifeste du groupe, amenant ses membres toujours vers l’avant, partout dans le monde. Un hymne à l’ouverture.

Vous pouvez écouter les titres de l’album et l’acheter en cliquant sur ces boutons :

Manufacture du temps Manufacture du temps Manufacture du temps

Dans mes veines (track 3) est dans la bonne continuité, un morceau orientalisant, le oud ouvre la danse. Mais la suite du morceau est plus classique rock français, surprenant, et les instruments à vent arrivent bientôt. Il y a beaucoup d’instruments, presque trop, la voix semble perdue. Un solo de saxo sobre m’enlise dans mon compréhension du morceau qui repart aux accents orientaux puis plus du tout… Étonnant. Pour notre santé mentale, on retrouve de la guitare électrique, de la basse en avant à l’entrée de La Passe (track 4), du rock ample; un mec qui va aux putes. Pour de la chanson française, les paroles sont loin d’être connes, évitant les écueils des lieux communs. L’écriture est sobre et ne me gène pas, au contraire. On retrouve justement une voix bien en avant dans Un idéal (track 5), rock aux refrains celtiques qui, une fois la surprise passée, sonnent de mieux en mieux.

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Epsylon le groupe
Epsylon, au bord de l’eau, de la Loire ? Crédits Mathieu Ezan.

Un printemps (track 6) relance l’album avec plus de légèreté, de mélancolie, et retourne du côté de Tunis, avec plus de cohérence que Dans mes veines, le mélange y opère mieux, plus de simplicité et une meilleure présence du oud tout du long. Une belle évocation des printemps arabes. On reste dans la nostalgie avec la suivante Je me souviens (track 7), sans tristesse ni mélancolie et avec des mélodies guillerettes de l’accordéon. Le brasier (track 8) remet le feu, en puissance, bien catchy, couillu. Chaque seconde (track 9) poursuit avec l’énergie rock d’un l’ensemble finalement cohérent. Comment mieux finir qu’avec Aux hommes debout (track 10), là c’est un morceau que j’attendais, marqué par son texte engagé, les instruments trouvent bien à leur place et où l’on peut enchainer ainsi un solo de violon avec un de guitare électrique, un final pétaradant, et une toute fin en finesse…

Bref, Manufacture du temps, avec ses morceaux de 3 minutes, passe bien vite, sans pour autant s’évaporer. Les mélodies et le son de la veuze s’accrochent. Pour son troisième album en huit ans, Epsylon, par ses textes et sa créativité, montre un registre étendu, volontaire, marquant. Parfois, la multiplicité instrumentale du sextet peut surprendre et nous laisse légèrement de côté, coi. Parfois, l’intimité se crée et le charme de ce rock aux accents celtiques opère. On prendra le temps pour la suite…

Le groupe sera de manière très originale en concert au Koweït la semaine prochaine – j’aurais jamais cru écrire Koweït sur mon site –, puis de retour en concert dans le grand Ouest français à partir du 14 juin (toutes les dates sur leur site).

 

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Le groupe Epsylon :

Nicolas Michon : chant, Guitare
Christophe Pouvreau : violon, accordéon, Veuze
Denis Grollier : bombarde, sax soprano
Antonin Martineau : basse, Oud
Aurélien Dupont : guitare
Benjamin Sanchez : batterie

So Was The Sun – By far the worst, In memory of the milk – Nouveau 2 titres – Chronique

Les So Was The Sun viennent de sortir un cd 2 titres. Ainsi était le soleil, ainsi était le soleil, ainsi était le soleil… incantation à Râ, à Hélios, Sól ou encore Huitzilopochtli ? Le soleil désacralisé, la fin du mythe, le début de l’âge sombre ? Une nouvelle cosmologie ? Du post-punk qui disent. Du rock ! Du rock ! Du bordel !

Nous avions eu l’occasion d’interviewer en vidéo en 2011 le chanteur/guitariste du groupe, Palem Candillier, pour la sortie de leur premier CD éponyme, nous le retrouvons aujourd’hui avec une nouvelle musicalité et un line-up légèrement modifié. Arrivée de Yann Le Tallec à la basse mais toujours Loïc Jallais à la batterie, pour une formation resserrée classique guitare/basse/batterie.

Le clip teaser de ce double single (un couple ?), réalisé par le groupe avec des vidéos d’archive de Claudia Lopez Lucia et Igor Rybaltchenko, vous montre l’atmosphère rock du groupe :

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=uM87gnbMjBU]

Un teaser aux prises de vue en studio, des mots-clés karaoké, un rythme visuel calqué sur le rythme musical, un teaser simple et efficace, pas prétentieux, à l’image du groupe. Le seul clip du groupe avait été réalisé par le regretté Henri-Jean Debon, le réal’ attitré de Noir Désir, rien que ça. On leur souhaite de bien s’entourer de nouveau pour la suite audiovisuelle en gardant bien en tête leur identité cradingue. Bien s’entourer pour bien faire, So was the sun n’a pas l’air d’oublier cela. Après avoir bossé avec Hugo Cechosz (Eiffel), le groupe a fait enregistré ses deux nouveaux titres par Arnaud Bascanuna (Deportivo, No one is Innocent…). Faire peu mais faire bien.  Un 5 titres il y a trois ans, un autre 5 titres il y a 2 ans, un 2 titres cette année. Une production qui prend son temps pour grandir, pour une maturation nécessaire que certains groupes pressés oublient en route…

En écoute sur Bandcamp, où vous pouvez aussi acheter le CD :

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Ça crie fort et juste, à écouter les So Was The Sun la musique est bien un cri qui vient de l’intérieur. Du coffre puissant du petit bonhomme Palem sort une énergie vocale bien plus maîtrisée que sur le précédent EP Dead Submarine d’il y a deux ans. Cette voix virile, on l’a ressent au mieux avec By far the worst. Ce premier titre donne la part belle, comme souvent chez les So Was, à la basse et ceci dès l’intro du morceau avec un solo simple et couillu. Au niveau du mix, la voix est bien plus mise en avant qu’auparavant, on découvre une propreté si peu punk pour un ensemble presque propret et surprenant.

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So was the sun pochette

Où Palem est rauque et presque éraillé dans By far the worst, il montre dans In memory of the milk moins de dureté dans la voix, plus de finesse, de grandes envolées trainantes, plus de retenue pour mieux se lâcher en deuxième partie ? Même pas. Après un pont instrumental pêchu, le chanteur revient quasi-lyrique. Mais s’il donne tout à la fin du morceau, ce morceau reste surtout marqué par son instru propre, moins grasse et rocailleuse que sur les précédents EP. Une amélioration harmonique aussi intéressante qu’étonnante.

So was the sun groupe
Le pire du groupe, sa photo officielle en vacances sur une loco. So was the sun aime les vieux objets en métal rouillé : les sous-marins, les trains, les Francis Huster…

Pour finir, s’il est plaisant de laisser tourner ce 2 titres bien foutu, esthétique, il l’est moins de n’avoir à se satisfaire que de deux putains de morceaux. Ok, je disais juste avant qu’il était bon de prendre son temps pour bien faire. Ok, nous allons donc ronger notre frein en attendant le premier album complet du groupe. Ok, mais nous serons encore plus exigeant au prochain opus (plus long…). Est-ce que ce double single servira justement de single à un tout proche album ? Affaire à suivre…

En attendant retrouvez le groupe en concert dimanche 8 juin avec 6 autres groupes à l’occasion de la soirée « Go With My Rock » au Klub, 14 rue St Denis, Paris.

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